J'ai marché sur Mars

Le 10 Avr 2018 par Jac Lou Réagir (1) » Partage » Partagez cet article sur Facebook
J'ai marché sur Mars

J'espère que Neil Armstrong (*) ne va pas se retourner dans sa tombe si je fais un peu d'ombre à sa gloire en reléguant son aventure lunaire du 21 juillet 1969 au rang de détail de l'histoire. Mais je ne vais pas reculer devant la possibilité qui m'est offerte de me vanter d'un si bel exploit : j'ai mis un pied sur Mars. Voilà, c'est dit ! Sonnez hautbois, résonnez musettes. Trompettes de la renommée, soyez bien embouchées ...

- Comment est-ce possible ? allez-vous me demander.
- L'explication est simple et lumineuse, vous répondrai-je.
J'ai reçu en cadeau un voyage sur la planète Mars. Si, c'est vrai ! C'est sous la forme d'un fragment de la planète rouge. Je vous en ai donné les preuves en images.

Cliquer sur une vignette pour afficher la photo.

Comme vous pouvez le voir de vos propres yeux sur la première photo, j'ai, avec courage, posé mon pied droit - revêtu d'une chaussette propre, tout de même - sur le fragment de roche martienne. Je vous rassure tout de suite, je vais bien après cet exploit. Je n'ai rien ressenti d'autre qu'une envie d'en rire. D'où ma déclaration désormais fameuse : "Un petit pas pour l'Homme, un bond de géant pour l'hilarité".

L'observation du fragment en utilisant un grossissement suffisant permet de distinguer diverses composantes parmi lesquelles peut-être du pyroxène de couleur noire et de l'olivine de couleur verte ?

Plus d'explications pour les sceptiques (the skeptics en anglais) : au delà de l'orbite de la planète Mars, dans l'espace immense (*) qui s'étend jusqu'à la planète Jupiter, se trouve une population de rochers de diverses tailles qui font la ronde autour du Soleil sans relâche et sans bruit. On appelle ces rochers des "astéroïdes" et l'espace qui leur sert de cour de récréation "la ceinture principale d'astéroïdes" (*).
 Pour des raisons compliquées à comprendre, qui relèvent en partie de leurs jeux et de leur humeur et en partie de l'embonpoint et de la mauvaise éducation de Jupiter, le maître d'école, véritable éléphant dans un magasin de porcelaine, certains de ces astéroïdes cessent de tourner sagement en rond et se précipitent comme des fous vers tout ce qui bouge en dessous d'eux, c'est à dire la planète Mars ou même la planète Terre.
 Sans doute pour qu'on ne sache pas d'où ils viennent, ils changent alors d'identité avant de tomber sur leur cible. Les plus petits, qui ont certainement le plus d'imagination, se rebaptisent "étoiles filantes". Les plus gros, bien plus pédants, se font appeler "météorites".
 Or, il advint, à la suite de la chute d'une très grosse météorite sur la planète Mars, que des fragment du sol de la planète furent projetés en l'air, si fort et si loin que certains furent éjectés dans l'espace, et sont finalement retombés sur la Terre (*). La même chose s'est d'ailleurs produite à quelques occasions lorsque des météorites, ratant de peu la Terre, ont percuté la Lune, projetant des fragments de roches lunaires vers notre planète (*).
 C'est à ce moment de l'histoire qu'interviennent des chasseurs un peu spéciaux : les chasseurs de météorites. Un de ces chasseurs a eu la chance de trouver une météorite intéressante. Les savants qui l'ont analysée lui ont dit qu'il s'agissait d'un de ces fragments de roche martienne. Bingo ! Notre chasseur allait pouvoir faire fortune en revendant des petits morceaux de sa météorite. Ainsi fut fait et j'en ai donc bénéficié. Merci Luc Labenne (le chasseur en question) et surtout merci Nicolas et Justine pour le cadeau ! Vous avez fait de moi l'homme qui a mis le pied sur Mars. Je n'en reviens pas.

Bon, si, je suis bien obligé d'en revenir.

Bibliographie
Météorite martienne "Jrifiya"
A. J. Irving, S. M. Kuehner, R. Andreasen, T. J. Lapen, and H. Chennaoui-Aoudjehane, 6th Lunar and Planetary Science Conference "Petrologic and radiogenic isotopic assessment of olivine-phyric, diabasic and microgabbroic shergottites from northwest Africa", N°2290, Dept. of Earth & Space Sciences, University of Washing, 2015, p. 1. (*)