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J'ai les yeux qui piquent

Le 14 Mai 2014 par Jac Lou Réagir » Partage » Partagez cet article sur Facebook

Comme une envie de travailler. Ce matin, je ne sais pas ce qui m'a pris, mais j'ai eu envie d'aller travailler. Était-ce un effet du soleil revenu, me donnant soudain un regain d'énergie ? Peut-être. Pour ceux qui me connaissent et qui m'ont entendu dire et répéter que je me sens très bien à ne rien faire, ce qui m'est permis depuis que je suis un heureux retraité, cela semblera incroyable. Non ?

Bibliographie. J'ai donc imprimé le programme du séminaire auquel je dois me rendre bientôt pour avoir une copie des articles scientifiques qui y seront discutés. J'ai vérifié par téléphone qu'il y aurait bien au moins un de mes ex collègues présent dans mon ancien labo à Paris. Puis j'ai pris la route pour m'y rendre. Mon intention était d'accéder aux bases bibliographiques pour y prendre une copie complète des articles dont je n'avais que la liste des titres.

Tout s'est passé comme prévu. Le trajet jusqu'au labo, empruntant le périphérique parisien, où la vitesse est limitée désormais à 70 kilomètres par heure, a été un vrai plaisir tant la circulation m'a parue fluide. Il faut dire qu'il n'y avait aucune exposition à la Porte de Versailles, aucun accident de moto et qu'on était entre 11 heures et midi, un mercredi.

Circulation alternée. Cette conduite tranquille m'a permis d'être attentif aux nouvelles diffusées par la radio. On y parlait d'un rapport de Airparif qui aurait montré que la circulation alternée selon les numéros minéralogiques des autos, mise en application à l'occasion du dernier pic de pollution au milieu du mois de mars 2014, aurait eu un effet positif, une baisse de 6% de la pollution aux particules PM10. Mais quand les journalistes sont entrés dans les détails, on a entendu que ces effets positifs ont été mesurés au niveau du boulevard périphérique ! La lecture du dit rapport nous apprend que, à distance du périphérique, donc en ville, l'effet était moins probant (2% de baisse seulement). Mais peut-être que le type d'intelligence mise en jeu dans la décision de communiquer sur la baisse de 6% sur le périph' était surtout destiné à prouver que la circulation alternée est une bonne chose, et ainsi permettre d'envisager son extension ? Ce qui était d'ailleurs la conclusion du rapport. Logique toute politique ... Dans cette optique, on aurait pu faire encore mieux : venir mesurer la pollution à la sortie des tuyaux d'échappement des autos qui étaient restées au garage. La baisse aurait été encore plus spectaculaire !

Je trouve intéressant de noter que sur les sept (7) dispositifs permanents de mesure de la pollution dans Paris, deux (2) sont situés sur ou près du périphérique sud et un (1) à proximité sur la RN2, au nord-est. C'est avec cette infrastructure limitée - complétée par un petite dizaine de stations de mesure "semi-permanentes" - que Airparif surveille la pollution parisienne. J'ai essayé d'en savoir plus (voir les liens en bas de page). J'ai été étonné par l'inconsistance d'un article du journal Le Monde consacré à la question. On y lit que 25% des émissions de particules seraient dues aux transports routiers (Airparif prétend en outre que les autos représenteraient 50% de ces 25% soit 12,5%). Soit. Mais deux lignes plus bas, le même article du journal Le Monde affirme en gras que 51% des particules en Ile-de-France viennent du trafic routier (joli camembert en couleur à l'appui). La différence entre 25% et 50% vient du fait qu'on ne parle pas des mêmes particules. En clair, on mélange tout et on ne comprend plus très bien. Ce qui ne devait pas être le but recherché par ce journal. Si ? Accessoirement je m'étonne également que la photo illustrant l'article du journal Le Monde qui parle des effets de la circulation alternée de mars 2014 soit datée de 2004 ! C'est ce qu'on appelle de l'actualité ! Mais au moins ce journal a-t-il eu l'honnêteté de dater la photo ...

Faire parler les chiffres. J'en reviens aux valeurs annoncées par Airparif. Ainsi, si on diminue de moitié les autos, responsables de 12,5% de la pollution PM10 selon Airparif, on arrive en théorie à une baisse maximum de 6,25% des émissions (sauf si par l'intervention du grand hasard, toutes les autos arrêtées ce jour la étaient les plus - ou les moins - polluantes). Or, Airparif a *estimé* (et non pas "mesuré", voir dans le rapport) une baisse de 6%. C'est trop beau pour être vrai ! D'autant qu'il est avéré (reportages télévisés à l'appui) que de nombreuses autos n'ont pas respecté l'interdiction de circuler, soit qu'elles en étaient exemptées soit qu'elles étaient en infraction. Pour dire clairement ce que je pense : ces prétendues "mesures" et les résultats qu'on en tire ne sont pas très sérieux, foi de chercheur scientifique.

Sécurité. J'ai conservé la télécommande d'ouverture de la porte du parking du Centre de Recherches, donc là encore, aucun problème. Le stationnement était garanti. La porte du Centre de recherche était ouverte. Une chance car, depuis mon départ en retraite, le code d'entrée a été remplacé par un badge magnétique dont, bien sûr, je ne dispose pas. À croire que c'est de moi qu'on se méfie. En attendant j'ai pu entrer. Mais je suis certain que ce Centre finira bien par être sécurisé, un jour :) Comme je vous l'ai dit, tout s'est bien passé ...

Une idée de la pollution de la région parisienne (mai 2014)

Des yeux de lapin. En arrivant, j'avais fait un détour par le petit magasin alimentaire - forcément asiatique, on est dans le 14ème arrondissement de Paris - en face du Centre pour y prendre un sandwich. J'ai déjeuné avec Jacques, sa stagiaire et Jorge. Puis Jacques a copié les articles que j'étais venu chercher sur ma clé USB. Au retour, vers 15h30, le périph' était fluide, comme à l'aller, mais j'ai eu très vite les yeux qui piquent. En quelques minutes ils étaient rouges comme ceux d'un lapin atteint de myxomatose (surtout le gauche, comprenne qui pourra). Même en dehors des pics de pollution déclarés, l'atmosphère du périphérique parisien est insupportable. Et pourtant j'ai dû la supporter pendant des dizaines d'années... "Atmosphère, atmosphère, est-ce que j'ai une gueule d'atmosphère ?"

Oui, vous avez raison. J'ai participé à l'augmentation de la pollution en prenant mon auto. Mais entre un trajet de 45 minutes en auto et 1h30 en transports en commun - donc 3h aller retour - avec les autres types de pollution qu'on y rencontre, j'ai choisi d'être rentré plus tôt, ce qui m'a donné du temps pour soigner mes yeux. :)

Quelques liens relatifs à la pollution en région parisienne en mars 2014